7 - Erreur
Malgré les paroles de Pierre,
j’avais laissé tomber Max. Mais Pierre m’avait dit vrai : Max me fixait
tout le temps. J’y avais fait vraiment attention depuis qu’il me l’avait dit.
Dès que je le regardai, il détournait son regard vers Lise ou vers la fenêtre
la plus proche. Il étais toujours près de moi, s’asseyait à en face de moi
pendant les repas, à côté dans un bar.
Un jour, il frappa à ma porte. Je
lui ouvris et lui demandai ce qu’il voulait.
– Il
faut à tout prix que je parle à une amie.
– Que
se passe-t-il ? Tu as l’air affolé !
Il entra et s’écroula sur le canapé.
– Je
viens de me disputer avec Lise, dit-il avec des yeux emplis de tristesse.
– Mais
pourquoi ? Vous êtes amis ?
– Elle
dit que je ne fais plus attention à elle.
– Mais
elle raconte n’importe quoi !!
– Elle
dit que je ne la regarde même pas quand je lui parle.
– Qu’est-ce
qui lui prend ? Tu ne vas pas me regarder pendant que tu lui parles ?
Un silence lourd s’installa.
– Ne
t’inquiète surtout pas ! dis-je avec joie pour rompre ce blanc.
– J’ai
l’impression qu’elle m’en veut de l’avoir plaquée.
– Mais
en fait, pourquoi avez-vous rompu ?
– Pour
une raison qui n’en valait pas la peine … Un espoir vain qui n’a plus de raison
d’être …
– L’espoir
de faire quoi ?
– De
sortir avec quelqu’un …
– Qui ?
demandai-je avec tant de curiosité que ma voix en devenait aiguë.
– Quelqu’un
… que tu ne connais pas, dit-il d’une voix incertaine.
– Ah
… Tu as rompu parce que tu aimais quelqu’un d’autre ?
– Oui.
Ma conduite a été ignoble car je l’aimais mais j’aimais cette fille en même
temps.
– Tu
aimerais ressortir avec Lise ? demandai-je.
– Oui,
plus que tout au monde.
Mon cœur s’arrêta soudain de battre. J’avais tant
espéré une réponse négative et me voilà trahie par ma propre question. Il avait
fait son possible pour me rendre heureuse, j’allais lui retendre la perche.
– J’appellerais
Lise demain et je tenterai de la convaincre de ressortir avec toi, OK ?
dis-je avec un large sourire.
– Oui,
merci beaucoup.
Il me prit dans ses bras. Mais il avait fait ça par
amitié alors que moi, j’aurais fait ça par amour. Je l’aimais, j’en étais
sûre … Trop tard pour douter …
J’appelai Lise le lendemain, comme promis. Elle fut
désagréable et méchante. Jamais je ne l’avais vu comme ça. Pourquoi m’en
voulait-elle comme ça ? Elle m’avait accusé de les avoir séparé, elle et
Max, d’avoir bafoué leur amour passionné … Mais malgré ces accusations, je lui
proposai un rendez-vous, dans un restaurant pas très loin de chez elle, où on
allait souvent entre nous. Evidemment, j’y invitai Max aussi. Mon but :
ils se réconcilient. Mais jamais je n’avais souhaitaient qu’ils se remettent
ensemble. Malheureusement, c’est ce qui se passa …
Mais j’avais décidé de rester forte, de ne pas
m’enfermer seule dans mon coin à regretter ce que je n’ai pas fait, ce que j’ai
fait de mal … Je restais forte à lutter contre ma tristesse. Et eux
s’exhibaient, montraient leur amour aux passants curieux en s’embrassant
langoureusement. Moi, spectatrice de mon cauchemar, je les regardais avec
regret et désolation. Que me restait-il à part ses visions ?! Dès que
j’étais seule, je pleurais de désespoir mais en leur présence, je souriais,
masquant ma jalousie. J’aurais tout donné pour être à sa place. J’enviais la
place de Lise, là, dans ses bras …